La Voix du Nord - 24 septembre 2012 - L’esperanto, la langue préférée (après le français) de monsieur le maire

La Voix du Nord publie le 24 septembre un article intitulé L’esperanto, la langue préférée (après le français) de monsieur le maire.

L’esperanto, la langue préférée (après le français) de monsieur le maire

| FOUQUIÈRES-LEZ-LENS |Parlez de l’esperanto à Michel Bouchez, le maire de Fouquières-lez-Lens, et il devient intarissable sur cette langue qui lui a permisde voyager en famille en 1976. Ne cherchez plus pourquoi Fouquières-lez-Lens est aussi la seule « ville internationale esperantiste » du bassin minier.

PAR MARIE LAGEDAMON

lens@lavoixdunord.fr

Gamin, il se souvient d’avoir vu une méthode d’esperanto « avec beaucoup d’illustrations » traîner sur une étagère de la bibliothèque parentale. C’est qu’avant la Seconde Guerre mondiale, l’apprentissage de cette langue inventée en 1887 par le médecin polonais Zamenhof, était vivement encouragé par les Jeunesses Socialistes. Mais l’idée a cheminé bien plus tard. En 1975, Michel Bouchez, devenu père de famille, décide de voyager avec ses trois enfants hors des frontières du pays. « Nous avions envie d’aller dans un pays social-démocrate et un pays communiste », raconte-t-il. Après un périple en caravane et en anglais dans les pays nordiques, le choix du pays communiste s’orientera sur la Pologne. « Je pensais pouvoir avoir des contacts en français, je savais que notre langue était enseignée. » En avril 1976, à l’occasion d’une exposition à la mairie, il croise Ignace Flaczynski, un mineur polonais et lui parle de son projet de vacances. « Il me demande alors si ma femme est polonaise, si je parle polonais. Répondant que non, il me dit :"comment vas-tu faire ?". Dans les années 1970, le Français a été détrôné par le Russe et l’Allemand au niveau des langues enseignées... » Surpris par cette mauvaise nouvelle et alors que les visas sont déjà obtenus, il se voit aussitôt proposer une solution par le mineur retraité : apprendre l’esperanto. Michel Bouchez achète dès le lendemain une méthode « Assimil » et commence à potasser chez lui, sous l’oeil amusé de ses proches peu convaincus.
Tour du monde esperantiste

Les Bouchez partent comme prévu en Pologne. Après un premier contact francophone, voilà la famille arrivée à Varsovie. Les annuaires espérantistes conduisent le chef de famille à pousser la porte de Radio-Varsovie. Premier bain de langue réussi puisque rendez-vous est pris le lendemain pour une visite du centre-ville, en esperanto s’il vous plaît. Impressionnée par autant de facilité à communiquer, le reste de la famille se mettra elle aussi à l’apprentissage de l’esperanto au retour de Pologne. « Tous les samedis après-midis, c’était atelier d’esperanto en famille », se souvient Michel Bouchez, qui lance en 1977 un club au foyer socio-éducatif de la commune. Il se maintiendra jusqu’en 1981. Les voyages se poursuivent, de nouveau les pays nordiques avec des esperantistes puis l’Angleterre. L’un de ses fils fera même un tour du monde en 2001. La même année, Fouquières accueille un congrès international esperanto [1], « un moment de rencontre et de réflexion sur la langue et son avenir face à l’anglais », précise le maire. Cet accueil vaudra à la Ville d’obtenir le label symbolique de « ville internationale esperantiste ». Le premier congrès international s’était tenu en 1905 à... Boulogne-sur-Mer. Pratiquant aujourd’hui pour le seul plaisir de pouvoir s’ouvrir au monde en utilisant une autre langue que l’anglais, ce polyglotte continue à lire des revues en esperanto, respectueux de toutes les langues nationales et à portée pacifique. Quelques mots en esperanto pour finir M. le maire ? « Lernu esperanton por senlimaj kontaktoj ! (1) ». •

1) Apprendre l’esperanto pour des contacts sans frontières.

La Voix Du Nord

Source : http://www.lavoixdunord.fr/region/l...