Nécessité d’un "euro" linguistique

Publié le vendredi 16 août 2002 par admin_sat , mis a jour le dimanche 8 août 2004

Avez-vous imaginé la situation dans laquelle vous seriez si le gouvernement et les milieux affairistes britanniques étaient parvenus à imposer la livre sterling comme seule référence monétaire de l’Union européenne ?
Certes, les gouvernements, les élus, les milieux économiques et les peuples des autres pays s’y seraient vigoureusement opposés.

Mais imaginons tout de même.

Dans toute l’Union européenne, exactement comme dans leur propre pays, à tous les niveaux, les citoyens de Sa Majesté n’auraient pas besoin de cogiter pour "traduire" leur monnaie, c’est-à-dire pour estimer la valeur d’une marchandise ou d’un service.
Le seul changement de leurs habitudes se trouverait dans une zone beaucoup plus étendue de leur application. Tous les problèmes seraient pour les autres qui seraient contraints de subir tous les désagréments du changement.

Imaginez maintenant que sous la pression des mêmes milieux, avec la collaboration active et passive, et surtout la complicité de ceux qui occupent des postes-clés dans les pays de l’Union européenne, nous serions contraints d’utiliser une langue de référence, unique, qui serait la leur.

Nous ne sommes déjà plus dans le domaine de l’imaginaire : cette situation se met en place et elle est beaucoup plus lourde de menaces. Pour le gouvernement britannique, c’est la perspective d’être définitivement libérés de l’obligation d’enseigner d’autres langues que la sienne ; pour ses citoyens, la possibilité de se déplacer comme si eux, insulaires, étaient devenus les maîtres du continent. Le changement serait à leur seul avantage. Le besoin de peiner à tenter de s’habituer à une nouvelle langue à grands frais serait écarté, puiqu’ils se sont accoutumés aux difficultés de la leur depuis leur naissance : ils sont tombés dans la marmite.

Pour s’y habituer, tous les autres hommes et pays investissent déjà beaucoup de temps et d’argent qui leur manque pour acquérir d’autres connaissances qui leur manqueront aussi dans leur vie professionnelle, et ils auront besoin, à grands frais, non point de quelques jours ou semaines comme pour s’habituer à l’euro, mais d’années, voire de dizaines d’années pour acquérir une connaissance qui ne les rendra pas égaux aux natifs anglophones. Ces derniers pourront s’approfondir dans une carrière intéressante et valorisante : ils seront les premiers.
Certains n’ont pas encore compris que les dés sont pipés.

Et que penser des peuples dont les langues sont beaucoup plus différentes de l’anglais que la majorité des langues d’Europe : Chinois, Coréens, Japonais, Arabes...

Est-ce vous qui leur ouvrirez les yeux ?