Toujours prêt !

Publié le mardi 27 janvier 2004 par admin_sat , mis a jour le lundi 27 septembre 2004

Dans l’ouvrage publié en 1908 sous le titre Scouting for boys’, par lequel il lança le scoutisme, le général anglais Robert Baden-Powell (1871-1941) avait exprimé sa sympathie pour l’espéranto : Si vous souhaitez une langue secrète pour votre patrouille, commencez à apprendre l’espéranto. Ce n’est pas difficile, et le manuel ne coûte qu’une pence. On utilise cette langue dans tous les pays ; vous pourrez vous débrouiller avec elle à l’étranger” (p. 202).

Il se trouve que le troisième congrès universel d’espéranto s’était tenu l’année précédente à Cambridge. Il est donc vraisemblable que Baden-Powell en avait eu des échos. C’est sur un champ de bataille français, dix ans plus tard, en 1918, que l’idée vint à un chef de troupe britannique, Alexander William Thomson, de fonder la Skolta Esperanto Ligo dans le but de favoriser l’amitié internationale et l’échange de services. L’un de ses membres, Harold Wilson, celui qui allait devenir premier ministre anglais de 1964 à 1970, participa au 9ème camp international, en 1930.

Il y a lieu de penser que Baden-Powell tenait l’espéranto en estime et qu’il en avait parlé avec son épouse, Mme Olave Baden-Powell. En effet, après sa mort, bien plus tard, en 1950, dans une lettre à Mme Dr Lydia DeVilbis, elle écrivit : “J’ai déjà souvent pensé que ce serait magnifique si Madame Roosevelt pouvait convaincre les États-Unis de faire accepter l’espéranto dans le monde entier et de le faire introduire dans les programmes de toutes les écoles et organisations. Ce serait vraiment de la plus haute importance pour le monde et surtout très utile pour une bonne compréhension entre les peuples qui sont très divisés à cause de la diversité des langues.

Curieusement, malgré que les participants du 4ème Jamboree de Gödölö (Hongrie, 1933) avaient décidé d’adopter l’espéranto comme troisième langue, des entraves à sa progression apparurent de 1934 à 1957 dans les instances dirigeantes du mouvement scout. L’Office mondial du scoutisme invoquait pour motif que l’espéranto était “sans grande valeur”. Ainsi, durant la période où les régimes totalitaires, en particulier de Staline, Hitler, Salazar, mettaient tout en oeuvre pour l’éradiquer, cet office peu représentatif de l’avis de la base lui décochait lui aussi son coup de pied de l’âne. Cette décision ne fut annulée qu’en 1964 parce que... “l’espéranto avait prouvé son utilité dans divers domaines” ! Or, pour qui voulait voir et écouter, cette utilité avait été démontrée bien avant. Sans doute convient-il de rappeler qu’en 1954, la 8ème Conférence Générale de l’Unesco (voir ci-contre), avait précisément voté une recommandation reconnaissant la valeur de cette langue.

Bien entendu, des pressions politiques ont continué à s’exercer et s’exercent encore à son encontre. Aveu d’ignorance ignorée et façon de reconnaître “Je ne sais pas ce que c’est, mais j’en cause !”, en France et dans d’autres pays, les arguments opposés à l’espéranto sont du même tonneau et toujours formulés, sans démonstration ni preuves, dans des phrases lapidaires ou des boutades. C’est finalement sur le sol anglophone, lors d’un Jamboree qui se tint en Grande-Bretagne en 1968, que l’espéranto fut accueilli comme langue à part entière, sans problèmes. L’espéranto a survécu aux pires régimes totalitaires, y compris celui du grand ami de l’Occident, et pur produit de sa politique, que fut Saddam Hussein, mais son émergence dans un monde prétendument démocratique se heurte à des obstacles d’un autre genre : le cynisme, l’hypocrisie, l’obscurantisme et la bêtise épaisse. Aujourd’hui, l’espéranto est toujours prêt (ĉiam preta !) : la Skolta Esperanto-Ligo poursuit ses activités.

Son secrétaire général est Héctor Campos Grez, p/a Skolta Esperanto-Ligo, P.O. Kesto 231, Curicó, Chili.

Site :
www.geocities.com/CollegePark/Field/9100/oeinfo.html