À quand la rupture avec les préjugés ?

Publié le vendredo 1a junio 2007 , mis a jour le merkredo 30a majo 2007

Les ministres qui ont successivement occupé le poste de l’Éducation nationale n’ont fait que répéter ce qui s’est dit et écrit à propos de l’espéranto depuis des décennies sans tenir compte de ses aspects historiques, pratiques, pédagogiques, de sa situation actuelle, sans tenir compte de l’avis de personnes compétentes et dignes de foi :

Gilles de Robien : Réponse au député Arnaud de Montebourg (PS, Saône-et-Loire). Question et réponse publiées respectivement au "J. O." le 03/10/2006, p. 10230 et le 23/01/2007, p. 850 :
“L’apprentissage des langues vivantes répond à un double objectif : permettre aux élèves de disposer et d’un outil de communication et d’un vecteur de la découverte du pays où cette langue est en usage. Cet aspect d’ouverture sur la civilisation et la société des pays concernés, pleinement intégré dans les contenus des enseignements de langue vivante à l’école, au collège et au lycée, est un des éléments constitutifs de ces enseignements. Or, en raison de ses caractéristiques de langue neutre, dépourvue de supports littéraires, historiques ou géographiques présents dans d’autres langues classiques ou vernaculaires, l’espéranto ne peut offrir cette approche culturelle et sociétale indissociable de la connaissance d’une langue vivante. Pour cette raison, l’espéranto ne peut être retenu parmi les langues offertes à l’école et dans les classes de collège et de lycée au titre des enseignements de langue vivante ni être inscrit aux examens comme matière à option. Néanmoins, ainsi que le mentionne l’honorable parlementaire, la possibilité demeure, pour des établissements scolaires volontaires, d’organiser une initiation à l’espéranto, à leur initiative et sur leurs moyens propres, dans le cadre d’activités complémentaires.”
Claude Allègre : Réponse au sénateur Bernard Fournier (“J.O”. du 30 décembre 1999. Art. 18989) et aux députés Michel Bouvard (UMP, Savoie), Louis Guédon (UMP, Vendée) François Rochebloine (UDF, Loire) et Jean-Paul Dupré (PS). “J.O.” 10 janvier 2000. Article 36838 concernant aussi les questions des trois premiers députés : Art. 29792, 35911, 36801. :
“Quarante-quatre langues vivantes étrangères peuvent être choisies par les candidats au baccalauréat, soit au titre des épreuves obligatoires, soit au titre des épreuves facultatives. Avec un tel éventail, le système éducatif français est l’un de ceux qui en Europe et dans le monde proposent aux familles les choix les plus ouverts. Il permet notamment, au travers de l’enseignement de l’anglais, de l’allemand et de l’espagnol qui sont les trois langues les plus communément étudiées par les élèves au collège et au lycée et les plus fréquemment choisies par les candidats au baccalauréat, de rendre plus aisée la communication au sein de l’Union européenne et dans le monde. Cet éventail représente par ailleurs une très lourde charge en termes d’organisation de l’examen qu’il ne saurait être question d’accroître l’ajout d’épreuves supplémentaires. Pour toutes ces raisons, il n’est pas envisagé d’introduire une épreuve d’espéranto au baccalauréat.“
Jack Lang : Réponse au député François Goulard (UMP, Morbihan). Question et réponse publiées respectivement au “J.O.” le 12 février 2001, p 967) : 48167. - 26 juin 2000 :
“Le développement de la connaissance et de la maîtrise des langues vivantes constitue une des priorités constantes du ministère de l’éducation nationale, de la recherche et de la technologie. En l’état actuel des choses, l’organisation du collège prévoit l’introduction progressive des langues vivantes. L’étude d’une langue vivante étrangère est obligatoire en classe de sixième. L’enseignement d’une deuxième langue vivante débute en quatrième et y sera assuré pour tous les élèves à partir de la rentrée scolaire 1998. Avec douze langues offertes au choix des élèves au collège — anglais, allemand, espagnol, italien, russe, portugais, arabe littéral, hébreu moderne, chinois, japonais, néerlandais, polonais —, auxquelles s’ajoutent pour le lycée le danois, le grec moderne et le turc, le système éducatif français est l’un de ceux qui, en Europe et dans le reste du monde, proposent aux familles le choix le plus ouvert, et il paraît peu justifié d’en accroître encore la diversité. Par ailleurs, l’absence de support littéraire, historique ou géographique comparable à ceux d’une langue classique ou vernaculaire n’a pas permis de retenir l’espéranto au nombre des langues susceptibles d’être présentées aux examens. Pour ces motifs, il ne paraît pas opportun de donner une suite favorable à la proposition de loi n° 96-485 du Sénat relative à l’enseignement de l’espéranto. Cette position n’exclut en aucune manière la possibilité laissée aux établissements scolaires d’organiser, sur leurs moyens propres et dans le cadre d’activités complémentaires, une initiation à l’espéranto.”


Comble de l’hypocrisie

Comme député, sans doute sur la demande d’électeurs, Jack Lang avait ainsi interrogé son prédécesseur Claude Allègre :
M. Jack Lang appelle l’attention de M. le ministre de l’éducation nationale, de la recherche et de la technologie sur la promotion de l’enseignement de l’espéranto, langue à portée universelle, dans les établissements scolaires français. Compte tenu de son développement dans bon nombre de pays de l’Union européenne et dans le cadre de l’élargissement de la Communauté, il souhaite savoir les mesures que prendrait le Gouvernement pour favoriser son expansion en tant que langue auxiliaire de communication”. (“J.O.” du 16 mars 1998, p. 1493/7031)
Enfin, les citoyens sont en droit de se demander où Jack Lang et Gilles de Robien, ont bien pu découvrir que cette langue est “dépourvue de supports littéraires”.
Sans parler du reste !... Alors, rupture ?
Voir aussi la réponse de Luc Ferry (2002).

Les dieux auraient favorisé l’humanité, s’ils lui avaient donné une langue commune.
PLATON (- 427 à - 348)