L’art de tirer la langue

Publié le vendredo 1a junio 2007 , mis a jour le merkredo 30a majo 2007


Il n’a guère été question de politique linguistique durant la campagne, et aucun média n’a fait savoir que le seul candidat à s’être ouvertement et publiquement prononcé en faveur de l’enseigement de l’espéranto, en fait une candidate, était Marie-Georges Buffet.

Deux médias, l’un français, “Le Monde” (lettre d’information aux abonnés), et l’autre québécois, “La Presse” (Louis-Bernard Robitaille, avec la collaboration spéciale de l’AFP), relayé par “Cyberpresse”1, se sont penchés sur les connaissances linguistiques des candidats à la présidence.

Il apparaît que José Bové, Frédéric Nihous et Philippe de Villiers parlent couramment l’anglais. Dominique Voynet aussi et, en outre, l’allemand. Il semble utile de rappeler ce qu’elle avait dit au “JDD”, après le sommet de Kyoto (1997) : “Toutes les discussions techniques se sont déroulées en anglais, sans la moindre traduction, alors qu’il s’agissait d’une conférence des Nations unies. Trop de délégués ont été ainsi en situation d’infériorité, dans l’incapacité de répondre efficacement, de faire entendre leurs arguments”, et aussi que, suite au sommet de La Haye, en 2000, le délégué britannique, John Prescott, s’était moqué de son mauvais anglais dans un journal britannique.

Pour Arlette Laguiller, L.O. répond que "son cursus scolaire ne lui a pas permis d’acquérir un anglais courant”. Olivier Besancenot, d’après son QG, le connaît. Arlette Laguiller et Marie-George Buffet déclarent en posséder “des notions”. Gérard Schivardi ne parle que le français. Jean-Marie Le Pen, affirme qu’il tient à parler français, qu’il n’aime pas parler anglais, mais qu’il le comprend très bien.

Mais qui croire pour François Bayrou ? Pour “Le Monde”, il parvient à s’exprimer, mais, selon la confidence d’un de ses proches “Sarkozy, à côté c’est du Shakespeare”. Pour “La Presse”, selon des journalistes anglophones, il serait “le seul candidat majeur capable de s’exprimer en anglais face à la caméra”.

D’après “Le Monde”, Nicolas Sarkozy “est loin d’être "fluent in english". Il émaille ses interventions par quelques mots anglais, “mais les langues étrangères ne sont pas son fort”.

Pour “La Presse”, sur la base d’un déplacement de Nicolas Sarkozy, aux États-Unis, où il s’était adressé en anglais à des hommes d’affaires new-yorkais : “À vue de nez, on lui aurait donné le niveau d’un enfant de 8 ans en apprentissage : selon toute vraisemblance, il comprenait les mots qu’il épelait, mais cela ressemblait à un déchiffrement phonétique, avec un accent français à couper au couteau. Même si son entourage parle « d’anglais courant », sa biographe Catherine Nay admet qu’il a « toujours eu un problème avec l’anglais ».

Pour “Le Monde”, “Ségolène Royal parle anglais et allemand, mais a toujours des interprètes à l’étranger”. À l’occasion d’un de séjour en Suède “Le Figaro” avait précisé, à propos d’elle : “Avec l’aide d’une interprète, car son anglais est un peu sommaire”.

Pour “La Presse”, “Ségolène Royal dit “comprendre l’anglais”. Mais les rares fois où elle s’est aventurée à donner une interview dans cette langue — un site internet en donne un échantillon —, le résultat relève d’une joyeuse improvisation au point de vue vocabulaire, intonation et accent. C’est très approximatif.” Elle se justifie en disant que : dans son enfance, seuls pratiquaient l’anglais « les enfants de la grande bourgeoisie ».

Voilà donc où nous en sommes encore 2006, par la force des préjugés, de l’inertie ! Ceci alors que le besoin d’une langue commune, le problème de l’incommunicabilité, avaient été perçus dès l’Antiquité par Platon, et qu’il était venu à l’esprit de Claude Gallien, né vers 131, d’élaborer un système de signes pour une communication précise de diverses idées !

Prétendre que chacun peut briller en langues revient à affirmer que n’importe qui peut exceller dans n’importe quelle discipline, activité professionnelle, intellectuelle, artistique, sportive ou autre. Le mot “équité” est très “tendance”, or, dans le domaine de la communication linguistique, c’est l’espéranto qui nous en rapproche le plus.