L’égalité des chances

Publié le mardi 21 février 2006

Le choix de l’infériorité

L’équité, la démocratie, l’égalité des chances, tout ceci n’est que blablabla à partir du moment où, du fait de la langue, une partie de la population est maintenue en état d’infériorité de façon à être dans l’incapacité de bien s’exprimer, de faire valoir son point de vue. L’équité, la démocratie, l’égalité des chances, ça commence au bout de la langue. Au bon temps de Bush-dégoût, le libéralisme sauvage mène au tout-à-l’anglais comme le caniveau au tout-à-l’égoût. L’anglais, dont le globish est l’expression de l’échec, fait partie des moyens qui contribuent à maintenir une majeure partie de la population mondiale non anglophone dans un état d’infériorité.
Où que ce soit dans le monde, entre des personnes qui n’ont aucun moyen de dialoguer, l’urgence est de parvenir à une bonne intercompréhension sans avoir eu forcément le privilège d’étudier longuement et à grands frais.

Lors d’un congrès de SAT, dont l’unique langue de travail est l’espéranto, à Toronto, un responsable syndicaliste des États-Unis, Mark Starr, m’avait dit : "Celui qui impose sa langue impose l’air sur lequel doivent gesticuler les marionnettes." Ne pas se rendre compte de cela, c’est pratiquer la politique de l’autruche, et y ajouter la politique des moutons de Panurge : "Le troupeau se rue sur l’anglais ?... Ne réfléchissons pas. Précipitons-nous sur l’anglais !" ?

Henri Masson