La langue de bois dans l’enseignement : Questions différentes, réponses identiques

Publié le vendredi 3 novembre 2006

Question N° : 96884, publiée au “Journal Officiel” le 13/06/2006, page 6100
Réponse publiée au “J.O.” le 10/10/2006, page : 10605

Texte de la QUESTION : M. Yvan Lachaud appelle l’attention de M. le ministre de l’éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche sur le développement de l’apprentissage de la langue esperanto dans les établissements scolaires. L’esperanto est une langue auxiliaire, dite “neutre“, qui ne peut être associée à aucune sphère linguistique et culturelle. Elle fut proposée par un médecin polonais en 1887 pour faciliter la communication entre tous ceux qui n’ont pas la même langue maternelle. Á la demande du Haut Conseil de l’évaluation de l’école, le professeur François Grin a remis son rapport au mois de septembre dernier intitulé “L’enseignement des langues étrangères comme politique publique“. Cette étude analyse les politiques linguistiques menées en Europe, en s’appuyant principalement sur l’évaluation de l’économie des langues. Suite à la publication de ce rapport, il souhaiterait qu’il lui fasse part de ses conclusions au regard de l’esperanto et il lui demande s’il envisage de mettre en oeuvre des dispositions pour cette langue.

Texte de la RÉPONSE : L’apprentissage des langues vivantes répond à un double objectif : permettre aux élèves de disposer d’un outil de communication et d’un vecteur de la découverte des pays où cette langue est en usage. Cet aspect d’ouverture sur la civilisation et la société des pays concernés, pleinement intégré dans les contenus des enseignements de langue vivante à l’école, au collège et au lycée, est un des éléments constitutifs de ces enseignements. Or, en raison de ses caractéristiques de langue neutre, dépourvue de supports littéraires, historiques ou géographiques présents dans d’autres langues classiques ou vernaculaires, l’esperanto ne peut offrir cette approche culturelle et sociétale indissociable de la connaissance d’une langue vivante.
Pour cette raison, l’esperanto ne peut être retenu parmi les langues offertes à l’école et dans les classes de collège et de lycée au titre des enseignements de langue vivante ni être inscrit aux examens comme matière à option.
Néanmoins la possibilité demeure, pour des établissements scolaires volontaires, d’organiser une initiation à l’esperanto, à leur initiative et sur les moyens propres, dans le cadre d’activités complémentaires.

— -

M. Morel-A-L’Huissier Pierre (Union pour un Mouvement Populaire — Lozère)
Question N° : 82832, publiée au “J.O.” le 10/01/2006, page 150
Réponse publiée au “J.O.” le 10/10/2006, page 10605

Texte de la QUESTION : M. Pierre Morel-A-L’Huissier attire l’attention de M. le ministre de l’éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche sur l’enseignement des langues étrangères en France. Les conclusions du rapport du professeur François Grin sur « l’enseignement des langues étrangères comme politique publique », remises au Haut Conseil de l’éducation, laissent apparaître que l’hégémonie de la langue anglaise s’avère non seulement inéquitable, contribue à une érosion à terme de la diversité linguistique et culturelle, mais de plus a un coût estimé en milliards d’euros pour la traduction et l’interprétation, la rédaction de textes en anglais, l’enseignement et la production de matériel pédagogique. Un exemple est particulièrement révélateur : en 1997, anglais et français avaient la même part dans la rédaction originelle des documents du Conseil de l’Union européenne. En 2002, la part de l’anglais était quatre fois supérieure à celle du français. Deux solutions sont proposées en faveur d’une politique linguistique plus économique que le tout-anglais : le plurilinguisme ou l’adoption de la langue-pont internationale, l’esperanto. Ce dernier scénario fait figure de l’option la plus économique, l’apprentissage de l’esperanto étant plus aisé, et plus équitable en ce que chacun devra consentir un effort équivalent pour traduire et interpréter entre la langue de communication internationale et sa langue maternelle. Aussi, il lui demande quelle est la position du Gouvernement en la matière.

Texte de la RÉPONSE : Inutile de le reproduire puisque le texte est absolument identique à celui de la réponse à M. Yvan Lachaud député UDF du Gard...

===

Ce qu’omettent de préciser les ministres, c’est que l’espéranto correspond précisément aux objectifs assignés pour l’enseignement des langues. En étant de loin plus accessible que toute autre langue, il élargit l’horizon des élèves et permet, après une première approche de telle ou telle langue, culture ou civilisation, de faire un choix, puis d’apprendre une autre langue, ou plusieurs, en fonction de ses préférences révélées par une première approche par le biais de l’espéranto. La politique actuelle d’enseignement des langues conduit à la seule langue anglaise, la moins propédeutique qui soit, et à faire de son apprentissage une “urgence” (air connu !). Le fait que ce ministre ne voit aucun “support littéraire, historique ou géographique” montre tout simplement que, comme ses prédécesseurs, il n’a pas étudié le dossier. Voir à ce sujet la lettre adressée le 18.03.2003 par Claude Piron à Luc Ferry, l’un des prédécesseurs de Robien : www.esperanto-sat.info/article414.html