La lettre de Guy Môquet

Publié le vendredo 1a junio 2007 , mis a jour le merkredo 30a majo 2007

Mais il y aurait beaucoup d’autres lettres et de textes qui mériteraient d’être lus aussi pour amener à réfléchir. Par exemple, de soldats français de la première guerre mondiale (2), allemands aussi, y compris des fusillés pour l’exemple qui avaient eu le courage suprême de dénoncer une tromperie ignoble. Ne faudrait-il pas que les lycéens sachent d’abord quelle a été la responsabilité du gouvernement de Raymond Poincaré dans l’ascension d’Hitler, ce qui a eu la seconde guerre mondiale comme conséquence, donc la mort du jeune Guy Môquet ?

Il y aurait aussi des textes de Gandhi, de Martin-Luther King, de philosophes, de personnalités reconnues par l’Unesco comme bienfaitrices de l’humanité, telles que le Dr Zamenhof.

Par exemple, pour une réflexion sur le nationalisme, cette lettre du 30 juin 1914 par laquelle il avait décliné l’invitation au Congrès fondateur de la Ligue Mondiale des Espérantistes Juifs :

"Je ne peux malheureusement pas vous donner mon adhésion. Suivant mes convictions, je suis homarano (3) et ne peux adhérer aux objectifs et aux idéaux de quelque groupe ou religion que ce soit... Je suis profondément convaincu que tout nationalisme ne peut apporter à l’humanité que de plus grands malheurs et que le but de tous les hommes devrait être de créer une humanité fraternelle. Il est vrai que le nationalisme des peuples opprimés — en tant que réaction naturelle de défense — est bien plus pardonnable que celui des oppresseurs ; mais si le nationalisme des forts est ignoble, celui des faibles est imprudent... L’un engendre l’autre et le renforce, et tous deux finissent par créer un cercle vicieux de malheurs dont l’humanité ne sortira jamais à moins que chacun de nous ne sacrifie son propre égoïsme de groupe et ne s’efforce de se placer sur un terrain tout à fait neutre... C’est pourquoi — bien que je sois déchiré par les souffrances de mon peuple — je ne souhaite pas avoir de rapports avec le nationalisme juif et désire n’oeuvrer qu’en faveur d’une justice absolue entre les êtres humains. Je suis profondément convaincu que, ce faisant, je contribuerai bien mieux au bonheur de mon peuple que par une activité nationaliste..."