Le Courrier de l’Ouest - 19 septembre 2010 - "Et pourquoi pas l’espéranto ?"

Le Courrier des lecteurs du Courrier de l’Ouest (Angers)
19/09/2010 publie une réponse à une lettre de M. Tremblay intitulée « Il faut parler plusieurs langues », parue dans Le Courrier de
l’Ouest
du 6 septembre :

"M. Tremblay écrit que les plus mauvais élèves en langues étrangères sont "de loin" les Anglais. Il faudrait ajouter que les jeunes
Anglais apprennent de moins en moins le français et les autres
langues. Comment pourrait-il en être autrement ? C’est la conséquence directe de la domination de leur langue qui s’appuie
jusqu’à aujourd’hui sur la suprématie économique, politique et
militaire des États-Unis.

"Cette manie d’angliciser" [1]

Ainsi, tandis que les jeunes des autres pays doivent consacrer des
milliers d’heures pour espérer acquérir la maîtrise de l’anglais, les
jeunes des pays anglo-saxons peuvent utiliser ce temps disponible pour faire progresser leurs connaissances dans les domaines
techniques ou scientifiques. Il est évident que cette situation privilégiée, renforcée par la manie d’angliciser à tout va comme le
vocabulaire courant ou la publicité, menace les positions de la
langue française (dans un livre récent, le linguiste Claude Hagège
a écrit : "Le premier péril vient de l’anglais"). Et, en Afrique, par
exemple, le Rwanda vient de détrôner radicalement le français
pour le remplacer par l’anglais.

Que dire aussi de l’actuelle désaffection en France pour l’étude
de l’allemand, pourtant langue d’un pays frontalier et grand partenaire commercial ? Mais la roue de l’Histoire ne cesse de tourner, qui aurait imaginé – il y a quelques décennies – l’implantation à Angers d’un Institut Confucius diffusant langue et culture
chinoises ?

En ce qui concerne l’amélioration éventuelle des conditions
d’étude des langues dans nos lycées et collèges, il est certain que
les suppressions de postes d’enseignants ne favorisent pas un
progrès substantiel.

Puisque finalement il s’agit de multiplier les contacts effectifs entre les citoyens des différents pays, on peut se demander pourquoi les autorités responsables de l’Éducation nationale refuseraient de prendre l’initiative d’expériences scolaires portant sur
l’initiation à la langue internationale espéranto et sur son utilisation pour des échanges scolaires.

De telles expériences faites à l’étranger ont, non seulement été
réussies, mais ont aussi démontré que l’étude préalable de l’espéranto favorisait l’étude ultérieure des langues étrangères.

"Respect des cultures"

Depuis maintenant 123 ans, des millions d’espérantophones de
cinq générations ont fait la démonstration de l’efficacité de l’espéranto avec aussi des milliers de congrès, rencontres, forums
ou festivals, tandis que la littérature ne cessait de se développer.
Toutes ces réalisations étant menées à bien par des bénévoles,
en dépit des périodes d’interdiction et de persécutions dans certains pays.
Voilà un bel exemple de parfaite communication, en tous domaines, d’homme à homme, avec une économie considérable de
temps, d’énergie, de travail et d’argent, au moyen d’une langue
de synthèse [2] spécialement conçue, neutre et équitable pour
tous les peuples dans le respect de leurs cultures."

Pierre JAGUENEAU, Centre culturel angevin d’espéranto