Le Monde du silence

Publié le samedi 9 septembre 2006

Il suffit en effet, en maintenant les lecteurs dans l’ignorance de faits réels et actuels sur l’espéranto, comme par exemple ceux qui sont mentionnés dans les informations de ce “Service de Presse”), de publier une nouvelle telle que "La koko kantas" de Christine Avel.
L’auteure y reprend à l’extrême la plupart des préjugés formulés à l’encontre de l’espéranto et sur des travers d’une minorité d’espérantophones. La même chose pourrait se faire à propos de journalistes sans conscience professionnelle qui écrivent sur des événements auxquels ils n’ont pas assisté ou des choses qu’ils ne se sont pas donné la peine d’étudier.
C’est ce qui s’est passé dans le supplément “Le Monde 2” du quotidien “Le Monde” en date du 12 août 2006 (pp 64 et 65). Rien n’y manque pour inspirer la répulsion par rapport à la langue et à ses usagers.
Cette dérive du journalisme n’est le fait que d’une minorité. Il incombe de ne pas accuser toute la profession. De telles personnes, qui donnent une idée négative de leur profession, comme ça existe pour les confessions, idéologies ou passions, existent dans tous les milieux, mais c’est assez significatif que la rédaction du “Monde 2” ait choisi cette nouvelle donnant de l’espéranto une présentation simpliste, poussiéreuse et repoussante alors que toute information objective sur la situation réelle et actuelle de cette langue y est bannie. Mais chacun sait que le directeur de cette publication avait proclamé, après l’attentat du 11 septembre 2001 : "Nous sommes tous des Américains !". Il est douteux que beaucoup de Français se soient sentis concernés dans une telle proclamation, mais ça peut aider à comprendre, sans compter l’utilisation fréquente du mot “espéranto” dans un contexte dévalorisant ou prêtant à confusion.

Académystificateur

Membre de l’Académie Française, pas l’un des moins visibles, Jean Dutourd, a dit dans "Les Grosses Têtes", l’émission de Philippe Bouvard sur RTL, qu’il avait échoué dans une tentative d’apprendre l’espéranto alors qu’il avait pu étudier d’autres langues, et il a ajouté que “de toute façon l’espéranto n’a pas de littérature”. Son calendrier est donc resté à la page de l’année 1887 et bon nombre d’espérantistes aux capacités intellectuelles bien moins élevées sont parvenus à l’apprendre sans professeur. Certes, l’espéranto a une structure qui l’apparente aux langues agglutinantes (japonais, hongrois, finnois, turc...) et même isolantes telles que le chinois, et c’est peut-être ce qui a dérouté notre illustre défenseur du français. Mais la meilleure façon de défendre le français est-elle de dire n’importe quoi sur l’espéranto ? La défense du français passe-t-elle par la défonce de l’espéranto ? Voilà une stratégie dont le français paie les méfaits depuis 1921. Avec de tels raisonnements, y compris et à plus forte raison à un niveau aussi élevé, il ne faut pas s’étonner que l’émergence de l’espéranto soit aussi difficile et que le français décline.

Sites à visiter :

http://www.everk.org/ (Écrivains espérantophones)

http://dmoz.fr/World/Esperanto/Kulturo/Literaturo/

http://donh.best.vwh.net/Esperanto/Literaturo/literaturo.html

http://allegro.onb.ac.at/cgi-bin/allegro/maske.pl?db=esperanto&lang=esp

http://www.esperanto-ct.org/vilanova/inko.html (livres à télécharger)

http://esperanto.org/Ondo/Ind-rusn.htm

http://esperanto.net/literaturo/

http://www.nemere.hu/ (site de l’écrivain hongrois à succès István Nemere, qui écrit ses romans en hongrois et en espéranto (19 romans). Ses livres sont lus dans 10 pays, en 14 langues par 11 millions de lecteurs.