Shakespeare mondial : le barde en espéranto

Publié le mardi 8 juillet 2003 par admin_sat , mis a jour le dimanche 8 août 2004

Henri V en espéranto ? La toute nouvelle traduction d’une grande oeuvre littéraire classique en Langue Internationale se vend très vite à travers le monde parmi les espérantistes. Effectuée par Humphrey Tonkin, professeur de littérature anglaise, d’origine britannique, résidant aux États-Unis, la traduction d’Henri V, a été un travail entrepris par amour.

J’ai étudié cette oeuvre comme lycéen en Grande-Bretagne. Le film de Laurence Olivier a été l’un des premiers que j’ai vus, affirme Tonkin. J’ai admiré la poésie, l’éloquence, l’action soutenue du drame. Pourquoi ne pas le transformer en espéranto afin que le monde le lise ?"

Il ne s’agit pas à proprement parler d’une première pour Shakespeare : dix-sept de ses drames existent en espéranto depuis Hamlet, en 1894, donc peu de temps après la création de la langue à Varsovie par le jeune oculiste Lazare Ludwik Zamenhof.

On a déjà joué ce drame quelques fois en espéranto. Effectivement, il existe une tradition vivace du théâtre en espéranto, même une tradition shakespearienne puisque, dès 1910, on joua Comme il vous plaira en espéranto à Washington. La toute dernière présentation ? Le Roi Lear, en 2001, à Hanoï, en traduction d’un poète très connu, le Hongrois Kálmán Kalocsay. “L’espéranto est plus facile pour les Vietnamiens que l’anglais” dit Tonkin, qui est maître de conférence sur Shakespeare à l’Université de Hartford, aux États-Unis. “Pourquoi ne pas leur donner les oeuvres classiques mondiales par ce moyen ?
Il ne s’agit pas non plus de la première traduction de Tonkin, connu comme styliste en espéranto, il a traduit en espéranto des poèmes de Wallace Stevens et joué un rôle dans la traduction de Winnie-la-Pu [Winnie-the-Pooh]. Tout dernièrement, il a traduit en anglais le mémoire du père du financier très connu George Soros (Tivadar Soros, Maskerado, Edinburgh : Canongate, 2000 ; Masquerade, New York : Arcade Publishing, 2001) et rédigé une nouvelle édition en espéranto. L’oeuvre est parue aussi en turc, russe, hongrois, et tout dernièrement en allemand (Maskerade, Stuttgart : DVA).

Durant une période pendant laquelle les Étasuniens semblent être devenus hargneux envers les Français, est-ce vraiment le bon moment pour publier une oeuvre sur la victoire des Anglais contre leur ennemi traditionnel ? “À beaucoup d’égards, dit Tonkin, il s’agit d’un drame qui remet la guerre en question et examine la réalité : que ceux qui visent à être des dirigeants forts taillent souvent la vérité sur mesure en fonction de leurs propres besoins. Henri est vainqueur dans la bataille, mais ses descendants sont vaincus dans la guerre.

Ho, venu muzo fajra kaj ascendu / chielon briloplenan de invento”, comme aurait dit Shakespeare, s’il avait parlé l’espéranto.

Henriko Kvina. Shakespeare. Rotterdam : UEA (Universala Esperanto-Asocio, Nieuwe Binnenweg 176, NL-3015 BJ, Rotterdam, Pays-Bas. <www.uea.org> ; ) ISBN 92 9017 083 2. Traduit de l’anglais par Humphrey Tonkin. 2003. 12,00€