Toujours imbattable

Publié le mercredi 16 août 2000 par admin_sat , mis a jour le dimanche 8 août 2004

Un concept moderne

La tendance des techniques va vers une miniaturisation de plus en plus poussée. C’est un facteur incontournable d’efficacité, de performances, de modernisation. Mais si la modernité contraint, par exemple, à se munir d’un appareil à traduire onéreux, aussi miniaturisé qu’il soit, là où nos organes vocaux et auditifs peuvent suffire sans risque d’oubli, perte, panne, vol ou détérioration, alors au diable la modernité érigée en système d’arnaque avec ses prothèses imposées !

Accessible à tous, donc réellement démocratique, la modernité de l’espéranto se trouve dans une grammaire "miniaturisée" qui contient tout ce qui est essentiel à un bon niveau de communication linguistique. Dès 1924, quarante-deux savants de l’Académie des Sciences l’avaient qualifié de "chef d’oeuvre de logique et de simplicité". Plus récemment, le professeur Umberto Eco a vu en lui "une langue construite avec intelligence et qui a une histoire très belle". L’espéranto reste toujours imbattable en tant que moyen de bien s’exprimer et se comprendre dans les meilleurs délais et à moindres frais entre des personnes qui n’ont aucune langue commune. De ce fait, il concerne directement une partie très largement majoritaire de l’humanité.

Je pense, donc je ne suis pas

L’espéranto est un concept moderne.
C’est la conclusion à laquelle parvient toute personne qui a le courage de braver les préjugés, qui pense avec sa propre tête, qui évite de suivre l’avis d’autrui lorsqu’il apparaît que celui-ci ne sait rien de plus.

Curieusement, en français, la première personne du présent de l’indicatif des verbes "être" et "suivre" est la même : "je suis" ! En somme, "Je pense, donc je suis" peut signifier que l’on est ou que l’on suit. . . Or, quiconque suit ne pense pas : un(e) autre pense à sa place. Il y a pourtant des cas où il faut savoir dire : "Je pense, donc je ne suis pas". Par exemple face à la pensée unique, au "politiquement correct", à des ordres imbéciles. Et le fait d’effacer sa pensée face à l’avis d’autrui se traduit par : "Je pense, donc j’essuie" ! C’est là qu’il faut rire !
Il n’y a pas de confusion possible en espéranto : "Mi pensas, do mi estas" et "Mi pensas, do mi sekvas". Et si l’on refuse de suivre : "Mi pensas, do mi ne sekvas". . .

Entre le ouï-dire et le vécu

"Ma première langue est le schwab qui est parlé par 5 millions de personnes. Mais j’ai ensuite appris l’allemand officiel pour parler à 100 millions d’hommes. Puis j’ai investi dans l’anglais. J’étais à l’association américano-anglaise Metropolitan Club, à Stuttgart. Je pouvais ainsi parler à plus de 500 millions d’hommes. Je n’étais cependant pas capable de parler à mes voisins français qui habitaient à 90 mn d’auto de ma ville. Je me demandais cependant s’il existait une solution du problème mondial, de telle manière que je pourrais parler à tout le monde. J’ai remarqué qu’il n’existait pas une solution, mais une vision. J’avais une toute petite idée de l’espéranto, et lorsqu’une conférence eut lieu, je m’y rendis volontiers. C’était en 1987. J’ai ensuite appris la langue, principalement pour contribuer à l’idée, et j’ai remarqué que l’espéranto avait des avantages personnels pour moi. C’est pourquoi, lorsque j’ai étudié au Japon, j’ai commencé à utiliser l’espéranto avec succès pour connaître ce pays. Après mon expérience du Japon, j’ai décidé d’utiliser l’espéranto, souvent de manière régulière, à l’étranger."

Publié dans "Kajeroj el la Sudo" n° 46, organe de HALE, l’association équivalente de SAT-Amikaro pour l’Espagne, ce témoignage est du Dr Rainer Kurz, l’actuel président de l’Association Allemande d’Espéranto. Il confirme bien l’intérêt de cette langue même pour une personne qui a eu le privilège de poursuivre ses études. Le texte intégral de l’entretien en espéranto est sur : http://esperanto.dragonfire.net/k46gea.htm

Floraison de découvertes

Étudiante en commerce international dans un grand lycée de Strasbourg, Violette Walter a très vite reçu des propositions de stages à l’étranger, finalement trop nombreuses, grâce à une annonce publiée dans "La Merkato" (publication de l’IKEF - Groupe Économique International Spécialisé dont la langue de travail est l’espéranto), alors que ses onze camarades de classe cherchaient encore. Elle a accepté une proposition de Chine où elle s’est rendue, et elle a participé au congrès mondial de la jeunesse espérantiste à Hong-Kong. Étudiante à l’Institut des Études Politiques à Toulouse Véronique Martin a 20 ans. A la fin de la seconde année, en juin-juillet, elle a suivi un stage à l’ambassade de France de Zagreb (Croatie) et a envoyé une carte postale enthousiaste à l’association d’espéranto de Quimper, là où elle a appris cette langue. Hébergée par des espérantistes, elle a déjà eu l’occasion d’en rencontrer beaucoup d’autres et a même été invitée au repas de mariage de deux jeunes espérantistes. Elle ose affirmer que cette expérience a été pour elle au moins aussi intéressante que les cocktails chez l’ambassadeur.

Il y a beaucoup de choses constructives, passionnantes et enrichissantes à faire autour de l’espéranto, mais aussi, tout simplement, agréables. Véronique et Violette en ont fait l’expérience.

Une façon de voir le monde

"La langue, c’est une façon de voir le monde", répondait très justement Henriette Walter dans un entretien accordé à "L’Université Syndicaliste Mag" (octobre 1999). Or, imposer la langue d’une puissance hégémonique - et satisfaite de l’être - dans l’enseignement et les échanges internationaux, c’est imposer aussi une façon de voir le monde avec tout ce que cela comporte comme aliénation et dépendance.

L’espéranto n’est pas contre l’anglais mais il interpelle sur une certaine idée de l’anglais avec laquelle il n’a rien à voir, et aussi sur un gâchis qui concerne le contribuable (qui ne l’est pas ?), les parents d’élèves, les élèves, ceux qui voyagent ou font des recherches, etc.

Sur les manifestations de lycéens touchant aussi l’enseignement des langues, Denis Paget écrivait dans le même numéro d’"US Mag"  : "Nous payons aujourd’hui le prix d’une politique incohérente et inconséquente". Peut-être aussi celui d’une politique excluant la comparaison de diverses possibilités. Les réformes de l’enseignement des langues se succèdent et échouent depuis des décennies, et à grands frais, car elles s’effectuent toujours à partir d’un même schéma qui maintient à l’écart une idée déjà rejetée par les pires régimes totalitaires.

Il y a ceux qui chantent avant et qui déchantent après.

C’est en désespérant tard qu’ils se rendront compte du réalisme de l’espéranto...