Un mot clé du web

Publié le dimanche 5 octobre 2003 par admin_sat , mis a jour le mardi 5 octobre 2004

“Il y a tant de choses en espéranto sur le Réseau que, même pour ne lire que les titres, votre vie entière ne suffirait pas.”

Cette remarque d’Humphrey Tonkin, d’origine britannique, professeur de littérature anglaise, ex-président de l’Université de Hartford, aux États-Unis, correspond à la réalité. Cette énorme quantité de pages web auxquelles
le mot clé “esperanto” ouvre l’accès est effectivement
une chose fort curieuse quand certains prétendent que les usagers de cette langue ne sont qu’une poignée, ou même, mieux, que personne ne la parle.

Mais l’espéranto, c’est un peu un renouvellement de l’histoire du Spoutnik. Lorsque, le 10 avril 1957, l’URSS lança ce premier satellite, les milieux scientifiques et politiques des États-Unis furent médusés. Faute de connaître le russe, les Étasuniens n’avaient rien remarqué et s’imaginaient être les seuls à détenteurs du savoir.

Aujourd’hui, les scientifiques de tous les pays font preuve d’une complaisance angélique : ils publient leurs travaux dans ce qu’ils croient être de l’anglais. Ils sont le plus souvent obligés de faire réviser leurs manuscrits rédigés dans un anglais approximatif par des natifs anglophones , et c’est ainsi que leurs travaux sont pillés. Aux championnats de la résignation et de la naïveté, ils auraient le premier prix. A l’inverse, les bénéficiaires des prix Nobel sont en très large majorité des natifs anglophones “pur jus”. Certaines universités
des États-Unis s’enorgueillissent d’avoir plus de prix Nobel que n’en ont eu bon nombre de pays.

Ces problèmes et bien d’autres sont évoqués, notamment, dans des ouvrages de Charles Durand qui, pour avoir longtemps vécu en pays anglophones, a compris l’entourloupe du tout anglais : La mise en place du monopole du savoir (éd. L’Harmattan) et La nouvelle guerre contre l’intelligence (éd. François Xavier de Guibert).
Henri Masson