Valeur éducative de l’espéranto

Publié le lundo 31a decembro 2007 , mis a jour le ĵaŭdo 3a januaro 2008

Résidence Jean Zay

Nombreux sont les établissements d’enseignement portant, en France, le nom de Jean Zay. C’est ainsi que se nomme aussi la plus grande cité universitaire de France et même d’Europe : la Résidence Universitaire Jean Zay, à Antony, où, l’été dernier, s’est tenu le 80ème congrès de SAT et où, du 22 au 24 mars 2008, se tiendra le 63ème congrès de SAT-Amikaro.
Député à 27 ans, Jean Zay (1904-1944) accepta, en 1936, à 31 ans, la proposition de Léon Blum d’occuper le poste de ministre de l’Éducation et de la Culture. Il fut aidé dans ses fonctions par deux femmes dont Irène Joliot-Curie à la recherche scientifique.

Prisonnier politique à 36 ans, haï par les collabos et autres forces de l’obscurantisme, il fut assassiné à 39 ans par la milice durant l’Occupation nazie. Jean Zay a une place tout à fait particulière dans la longue liste de ministres français nommés depuis 1936 à l’Éducation nationale.
Sa reconnaissance de la valeur éducative et culturelle de l’espéranto fut motivée par ce que n’a fait aucun de ses successeurs : la prise de connaissance de rapports sur cet enseignement. Avec d’autres membres du gouvernement parmi lesquels Léon Blum, Édouard Herriot, Marx Dormoy, Léo Lagrange, Jean Zay appartint au Comité d’honneur de l’”Exposition Internationale des Arts et des Techniques dans la Vie moderne”, au sein de laquelle prit place une importante section d’espéranto “Esperanto en Moderna Vivo”, elle-même divisée en quatre sections :

 L’espéranto dans les écoles,
 Sciences et techniques,
 Trafic international,
 Échanges intellectuels.

Celle-ci se déroula du 14 au 17 mai 1937 et fit l’objet d’un rapport de 142 pages.

Les sections furent présidées respectivement par le recteur Pariselle, M. Raoul Dautry, Directeur général des Chemins de Fer Français, Aimé Cotton, Vice-président de l’Académie de Sciences, Henri Bonnet, Directeur de l’Institut International de Coopération Intellectuelle à la Société des Nations (SDN).
Rien à voir donc avec la ribambelle de ministres qui se sont succédé depuis quelques décennies et qui, à la seule vue du mot “espéranto”, se sont gardés d’ouvrir le dossier, ce que montrent les réponses stéréotypées aux députés qui, sur demande de citoyens, ont questionné les ministres sur l’attitude qu’il entendaient adopter par rapport à cet enseignement. Voir la dernière de Xavier Darcos, le ministre qui veut faire de la France une “nation bilingue” (sic !), et dont le regard, lorsqu’il parle de “diversité linguistique”, se tourne d’emblée vers le seul anglais.

Ci-contre, deux éditions d’une biographie de Jean Zay écrite par Marcel Ruby
et publiées en 1994 et 1997 dans la collection Une Vie, Une Oeuvre des éditions Corsaire.

Autre ouvrage en librairie : “Jean Zay. 1904-1944 Ministre de l’Instruction du Front populaire, Résistant, martyr“, par Roger Karoutchi, Olivier Babeau. (Paris : Ramsay. 2006).

Selon diverses estimations, 3000 langues, sur les 6000 à 7000 que compte le monde, sont en péril. L’espéranto n’en fait pas partie, mais, en sa qualité de langue internationale, ce à quoi s’ajoute sa valeur comme enseignement préparatoire (propédeutique) et d’orientation, il peut contribuer fortement à en préserver de la disparition. Mais l’anglais absorbe une grande part des moyens humains, financiers et matériels, à tel point qu’il ne reste guère de place pour elles.

Pendant qu’une grande partie de l’humanité peine sur les irrégularités de l’anglais, les natifs consacrent leur temps, leur argent et leurs efforts à des activités profitables.

Henri Masson